Des migrants bloqués sur l’un des navires humanitaires autorisés à accoster en Sicile par le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni ont été jetés à l’eau lundi 7 novembre. Alors que seuls les mineurs et les personnes souffrant de problèmes de santé étaient autorisés à débarquer dimanche, deux bateaux ont pu accoster à Catane, tandis que deux autres ont dû rester hors d’Italie. Pris dans un face à face entre des ONG et le nouvel exécutif italien, trois migrants ont sauté lundi du Geo Barents, un navire à quai exploité par Médecins sans frontières (MSF). Les trois hommes ont récupéré rapidement, selon MSF. Peu de temps après, une dizaine d’autres migrants sur le pont du bateau ont crié “Aidez-nous”, a constaté un journaliste de l’AFP. Dans le même temps, plus de 500 personnes, signalées auparavant comme étant en danger par l’ONG Alarm Phone, ont été secourues par les autorités italiennes et débarquées en Sicile, a déclaré le préfet de Syracuse Giuseppe Scanduto. “Ils subissent d’abord un examen médical, puis ils sont identifiés par la police avant d’être distribués dans des structures d’accueil”, a expliqué Mme Scanduto. Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés En Méditerranée, les migrants se sont retrouvés dans une “impasse politique”
357 migrants ont été autorisés à débarquer, 215 restent bloqués
Mme Meloni, la dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, s’est engagée à “défendre les frontières de l’Italie” en empêchant les navires des ONG opérant en Méditerranée d’entrer dans les ports italiens pour débarquer les milliers de migrants qu’ils sauvent chaque année. Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 88 000 personnes sont arrivées des côtes africaines depuis le 1er janvier.
Le sénateur démocrate Antonio Nicita, qui a visité les navires humanitaires ancrés dans le port de Catane, estime que “la situation est tendue” à bord. “Sur les navires la nervosité prédomine, les humanitaires calment les esprits. De nombreux migrants se sont déshabillés devant nous pour nous montrer des infections dans leurs parties intimes”, a-t-il témoigné, évoquant des cas de gale.
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Le Geo Barents a accosté dimanche soir et les autorités italiennes ont autorisé 357 personnes, dont des enfants, à débarquer tout en refusant l’entrée à 215 autres. L’un des migrants a ensuite été emmené en ambulance après s’être plaint de fortes douleurs abdominales, a indiqué lundi Médecins sans frontières, soulignant que les autres étaient de plus en plus vulnérables. “Leur situation, leur niveau de stress psychologique est très, très élevé”, a déclaré Ricardo Gatti, responsable de la recherche et des secours à MSF. “Le navire a ses limites en termes d’assistance médicale”, a-t-il déclaré.
“Je ne vais nulle part avec ces gens à bord”
Également au port se trouve le navire battant pavillon allemand Humanity 1, exploité par l’association caritative SOS Humanity, qui a débarqué 144 personnes dimanche. Il y a encore 35 migrants mâles adultes à bord. Un décret du gouvernement italien publié vendredi a déclaré que le navire n’était autorisé à accoster que suffisamment longtemps pour localiser les passagers dans une “situation d’urgence”.
Le capitaine du navire, Joachim Ebeling, a défié les ordres de quitter le port, insistant lundi sur le fait que “toute personne secourue a le droit de débarquer dans un port sûr”. “Je ne vais nulle part avec ces gens à bord”, a-t-il déclaré aux journalistes.
Le nouveau gouvernement italien, le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est engagé à adopter une ligne dure à l’égard des migrants, le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi déclarant que les migrants secourus en mer relèvent de la responsabilité de l’État du pavillon. .
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Des appels ont été déposés devant les tribunaux de Rome et de Catane lundi, a rapporté SOS Humanité. Amnesty International, pour sa part, considérait l’Italie comme “libre[gnait] ses obligations internationales. Dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) « continuent d’exhorter les gouvernements européens à fournir rapidement un environnement sûr et [à] autoriser le débarquement immédiat de près de 600 personnes restées sur les navires des ONG.”
Le monde avec l’AFP