“La question est de savoir s’il a mesuré les conséquences et si au-delà, sa volonté était de tuer. Tout le discours de ce public est celui-ci. Et je suis absolument convaincu qu’il n’a jamais eu cette intention”, a déclaré à la presse l’avocat de Me, Julien Charle.

“Un spectacle d’horreur”

Pour bien comprendre les circonstances dans lesquelles le policier Franck Labois est décédé, il faut se plonger dans une enquête de la sécurité du département qui traque depuis un certain temps un groupe de malfaiteurs. Une quinzaine d’événements leur sont imputés, selon la même méthode : des vols violents de fret en se faisant passer pour des policiers. Lire aussi Pistes cyclables “Genderless” : “Et si on parlait de délinquance, d’irrespect, d’insécurité à Lyon ?” Début janvier 2020, le Groupement d’Appui Opérationnel (GAO), auquel appartient Franck Labois, vient soutenir la recherche. Dans la nuit du 10 au 11 janvier, la police a décidé d’arrêter les malfaiteurs après avoir constaté un nouveau vol en action. Cette nuit-là, ils ont attaqué un chargement de linge sur une aire d’autoroute en Isère. “Opportunistes”, a déclaré l’un des témoins, un major de la police, décrivant des criminels parfois mal préparés. Le directeur du GAO rend compte avec précision de l’intervention du bar, même s’il l’a suivie de loin car sa voiture avait quelques minutes de retard. Sa voix se brise alors qu’il décrit son arrivée sur les lieux du drame. “Frank s’étire et il y a une vision d’horreur”, décrit le commandant de la police. Lire aussi A Lyon, Castaner rend hommage au « grand gendarme » Franck Labois décédé VOIR AUSSI – Une jeune femme a été mortellement fauchée par un excès de vitesse à Paris

“J’ai vu un espace”

Un peu plus tôt dans la soirée, l’interception a été tentée lorsque le camion Volkswagen transportant les biens volés est revenu dans la périphérie de Lyon. La camionnette s’est retrouvée coincée par deux véhicules, s’est arrêtée brièvement puis a brusquement manœuvré pour se dégager. Et il a frappé Franck Labois de plein fouet, se dressant sur son chemin, arme au poing. “Frank a peut-être trop réfléchi”, tente de comprendre son patron, qui précise que depuis juillet 2017 “au GAO on n’a jamais utilisé le pistolet”. Il n’y aura pas de marques de frein au sol. Les preuves montrent que l’officier a été traîné sur une dizaine de mètres. Son gilet pare-balles a été gravement endommagé par la force de l’impact. Il est décédé trois jours plus tard à l’hôpital. Les occupants du fourgon le quittent précipitamment. Les objets retrouvés, dont des gants partiellement calcinés et des géolocalisations téléphoniques, permettront l’identification et l’identification de plusieurs suspects, dont Farès D., interpellé le 16 janvier. Lire aussi Noémie Halioua : “Les classes laborieuses adorent la police”

“Jouer au super-héros”

Selon les enquêteurs, il se reconnaît immédiatement comme le conducteur. « Je ne voulais pas faire ça. J’ai vu une lacune, j’ai accéléré sans me dire que j’allais la toucher”, a-t-il déclaré à l’issue de la première journée d’audience. Le témoignage maladroit et inexact des deux autres jeunes qui se trouvaient dans le véhicule cette nuit-là n’a pas permis d’éclairer toutes les circonstances du drame, surtout lorsqu’ils ont réalisé qu’ils avaient affaire à la police et quand et comment. il vient de tomber sur un policier. Dans des conversations surveillées dans la prison où il est en détention provisoire, Farès D. assure à des proches que le policier s’est mis devant lui et a voulu “jouer au super-héros”. “C’était lui ou moi”, dit-il, selon les transcriptions. Des propos que l’accusé prétend désormais regretter. “Je suis vraiment désolé, malgré ce que j’ai pu dire”, a-t-il déclaré. Le verdict est attendu mercredi.