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Avec sa coalition, la dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia s’est engagée à “défendre les frontières de l’Italie” en empêchant les navires des ONG opérant en Méditerranée d’entrer dans les ports italiens pour débarquer les milliers de migrants qu’ils sauvent chaque année.
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Lundi, trois migrants ont sauté par-dessus bord du Geo Barents, un navire de Médecins sans frontières (MSF), pris dans un bras de fer entre des ONG patrouillant en Méditerranée et le nouvel exécutif italien.
Depuis le pont des canots de sauvetage, les migrants peuvent voir la côte sicilienne, sans pouvoir y mettre le pied.
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Les trois hommes ont été rapidement retirés, selon Médecins sans frontières, qui secourt des migrants effectuant la dangereuse traversée entre l’Afrique du Nord et l’Europe.
Quelques instants plus tard, une dizaine d’autres migrants sur le pont du bateau ont crié “Aidez-nous”, a constaté un journaliste de l’AFP.
Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 88 000 personnes sont arrivées par la mer en Italie depuis le 1er janvier.
Le sénateur démocrate Antonio Nicita, de retour à quai à Catane, reconnaît que “la situation est tendue” sur les navires d’aide amarrés dans le port sicilien.
“Les navires sont nerveux, les militants calment les esprits. De nombreux migrants se sont déshabillés devant nous pour nous montrer leurs infections dans leurs parties intimes”, a-t-il témoigné, évoquant des cas de gale.
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Le Geo Barents a accosté à Catane dimanche après-midi et les autorités italiennes ont autorisé 357 personnes à débarquer, dont des enfants, tout en refusant l’entrée à 215 autres.
L’un des migrants a ensuite été emmené en ambulance après s’être plaint de fortes douleurs abdominales, a indiqué lundi Médecins sans frontières, soulignant que les autres étaient de plus en plus vulnérables.
“Leur situation, leur niveau de stress psychologique est très, très élevé”, a déclaré Riccardo Gatti, responsable de la recherche et du sauvetage à MSF.
“Le navire a ses limites en termes d’assistance médicale”, a-t-il déclaré.
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Non loin du port se trouve le navire battant pavillon allemand Humanity 1, qui a débarqué dimanche 144 personnes. Il y a encore 35 migrants adultes de sexe masculin à bord qui se sont vu refuser l’autorisation de débarquer.
Un décret du gouvernement italien publié vendredi indique que le navire n’a été autorisé à accoster en Italie que le temps nécessaire pour localiser les passagers en “situation d’urgence”.
Selon son opérateur, l’association caritative SOS Humanity, les autorités italiennes ont décidé après un “bref” examen médical que les 35 hommes étaient “en bonne santé”.
Le capitaine du navire, Joachim Ebeling, a défié les ordres de quitter le port, insistant lundi sur le fait que “toute personne secourue a le droit de débarquer dans un port sûr”. “Je ne vais nulle part avec ces gens à bord”, a-t-il déclaré aux journalistes.
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Le nouveau gouvernement du Premier ministre Giorgia Meloni, le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est engagé à adopter une ligne dure à l’égard des immigrés.
Quelques jours après son installation, le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi considérait les migrants sur les navires humanitaires comme relevant de la responsabilité de l’État dont les navires battent pavillon, en l’occurrence norvégien et allemand.
Des appels contre la politique gouvernementale ont été déposés devant les tribunaux de Rome et de Catane lundi, a rapporté SOS Humanité.
Amnesty International a appelé l’Italie à mettre fin à la discrimination contre les migrants. “La loi de la mer est claire : un sauvetage se termine lorsque tous les secourus ont atterri en lieu sûr.” L’Italie “viole ses obligations internationales”, a ajouté Amnesty.
Dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) “continuent d’exhorter les gouvernements européens à offrir rapidement un lieu sûr et à autoriser le débarquement immédiat des quelque 600 personnes qui restent sur le navires d’ONG”. .
Matteo Salvini, le patron de la Ligue anti-immigration poursuivi pour avoir bloqué en mer des navires humanitaires en 2019 alors qu’il était ministre de l’Intérieur, a dénoncé lundi des “voyages organisés” qui “financent des armes et de la drogue”.