franceinfo : Cette fuite est-elle inquiétante ? Karine Erviou : Il n’y a aucun risque pour l’environnement ni pour la santé publique. Il s’agit d’un événement qui a eu lieu lors de ce qu’on appelle un test hydraulique du circuit primaire. C’est le circuit qui refroidit le combustible nucléaire et transfère cette chaleur aux échangeurs qui vont évaporer l’eau et faire tourner les turbines. C’est la deuxième barrière de confinement. En fonctionnement normal, un réacteur fonctionne à 155 bars. Tous les dix ans, une épreuve hydraulique de ce circuit est réalisée. Cela signifie qu’EDF monte la pression à plus de 200 bars et va inspecter ce circuit pour vérifier qu’il n’y a pas de fuite. C’est une opération qui se déroule sans carburant dans le réservoir. Qu’est-ce qui a causé la fuite? C’est une sorte de bouchon qui a été mis là pour empêcher l’eau de s’écouler. C’est ce bouchon qui s’est cassé et a causé la fuite. Pas un événement grave ou lourd de réparation. “C’est relativement simple à réparer et les délais de réparation ne sont pas trop longs. EDF amènera un robot pour récupérer les éléments contaminés au niveau de la fuite et isoler la fuite. Cela prendra quelques jours.” Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’IRSN chez franceinfo Ces incidents sont-ils fréquents ? Non, c’est la première fois que cela se produit en France. L’événement de Civaux est un problème de montage de ce fameux bouchon. Il ne s’agit pas d’un défaut d’entretien, mais d’un problème d’installation de cette prise ou d’une défaillance de la prise elle-même. Ceci n’est pas particulièrement lié à la maintenance du réacteur. Faut-il s’inquiéter de l’état du parc nucléaire français ? Il existe un arriéré d’arrêts de réacteurs pour des problèmes de corrosion sous contrainte qui nécessitent des inspections et parfois des réparations. Il y a aussi des réacteurs qui ont été arrêtés pour amélioration de la sûreté, dans le cadre du passage de 40 ans aux réacteurs de 900 mégawatts, EDF a engagé de nombreux travaux, notamment l’ajout de circuits de sûreté. Cela crée donc également une indisponibilité importante. Les deux sont cumulatifs, d’où un grand nombre d’arrêts de réacteurs.