Des engrais au ciment en passant par la métallurgie ou les raffineries, ces activités sont les héritières de la révolution industrielle. Difficile de renoncer à leur entreprise, estime Emmanuel Macron, qui a fait de l’industrialisation de la France et de la réussite de cette décarbonation une affaire de souveraineté. Après avoir perdu 1 million d’emplois ces vingt dernières années et 2 millions en quarante ans, la France a réussi à enrayer le déclin. “C’est, parmi les grands pays industrialisés, le pays qui a connu la plus forte désindustrialisation au cours des dernières décennies”, constate France Stratégie, le think tank lié au Premier ministre, dans un rapport de 2020.
Concurrence féroce entre les grandes économies mondiales
Cependant, la voie vers la neutralité carbone provoque une concurrence intense entre les principales économies mondiales. La Chine, qui a été le pionnier des batteries électriques et a mis à genoux l’industrie européenne des panneaux solaires, vise à être neutre en carbone d’ici 2060, contre 2050 pour l’Europe. Les États-Unis, fixés pour 2050, ont lancé le plan IRA (Inflation Reduction Act) doté de 360 milliards d’euros et veulent profiter de cette nouvelle phase pour attirer les investissements. Selon le blog Auto.com, Northvolt, le groupe suédois qui produit des batteries pour véhicules électriques, pourrait reporter son projet de construction d’une giga-usine en Allemagne. Des deux côtés de l’Atlantique, des voix s’élèvent. Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, menace les États-Unis de représailles.
L’exemple de Yara France
“Des solutions existent et nous y sommes confrontées”, observe Nicolas Broutin, président de Yara France, qui rencontrera aujourd’hui le président de la République. Rien qu’au Havre (Seine-Maritime), le fabricant d’engrais émet 800 000 tonnes de CO2. « Pour produire 1 tonne d’ammoniac, nous émettons 2 tonnes de CO2. A court terme, Yara veut capter le CO2 émis, le liquéfier puis l’enfouir dans des puits de pétrole inutilisés en mer du Nord. Ce qu’il appelle l’hydrogène bleu, par opposition à l’hydrogène gris produit avec du gaz. « D’ici 2026-2027, nous devrions réduire nos émissions d’un tiers. » La prochaine étape serait de s’appuyer sur l’hydrogène vert produit à partir de sources d’énergie renouvelables et de l’énergie nucléaire. « Sur deux tonnes de CO2 émises pour une tonne d’ammoniac, nous n’émettrons à terme que 100 kg de CO2. Mais pour relever ce défi, nous avons aussi besoin du soutien de l’État », explique le patron de Yara France. chevron_gauchechevron_droite