« Nous avons sondé nos employés pour savoir quel serait l’impact du développement de ZFE. La moitié des travailleurs ont répondu. Un tiers d’entre eux seront concernés au 1er janvier, leurs voitures sont des Crit’Air 4 ou 5. Et en janvier 2024, avec l’interdiction des Crit’Air, ce sera un tiers de plus. Si rien ne change, les deux tiers ne pourront plus venir travailler avec leur véhicule”, déplore Jérôme Servières, le directeur général de cette entreprise qui espère que cette nouvelle restriction ne sera pas rédhibitoire pour ces salariés, qui, pour la plupart partie, travail en 3×8. Pour certains d’entre eux, l’achat d’un véhicule représente une année de salaire. Mais, même avec de l’aide, ce n’est pas une solution réalisable. « Quand ils commencent à 5 heures du matin, il n’y a pas de transports en commun et un grand nombre d’entre eux habitent à une trentaine de kilomètres de l’entreprise. Ils ont donc besoin de leur voiture. Alors en pensant au covoiturage, on s’est aussi posé la question d’un minibus qui pourrait venir les chercher à Sesquières et faire l’aller-retour. Je suis convaincu que nous trouverons une solution, mais nous n’y arriverons pas seuls”, poursuit ce patron qui ne veut pas que cela devienne un frein à l’embauche, celui qui a déjà du mal à embaucher.
L’alarme des syndicats patronaux
Et il n’est pas le seul à avoir évoqué ce problème avec le Medef de Haute-Garonne. Aux côtés de la Confédération régionale des petites et moyennes entreprises (CPME 31), le syndicat patronal a décidé de tirer la sonnette d’alarme sur le dossier ZFE, devenu une “préoccupation majeure”. “Nous ne sommes pas contre la ZFE, c’est une action pour améliorer la qualité de l’air dans l’agglomération”, rappelle Pierre-Olivier Nau, le patron préfectoral du Medef, en préface. « Mais les commerçants, dont les clients ne pourront plus venir au centre-ville, les artisans qui n’ont pas de dérogations, voire les travailleurs des médias s’inquiètent. Nous aimerions nous asseoir autour de la table avec la préfecture, pour calculer les effets socio-économiques de cette mesure”, insiste le représentant qui souhaiterait envisager de reporter la mise en place des prochaines interdictions. Un changement de calendrier qui n’est pourtant pas d’actualité pour Toulouse Métropole. “Si nous le modifions, nous devons revenir à un processus réglementaire et ce n’est pas possible. La vignette Crit’Air 4 ne représente que 4 % du matériel roulant du territoire de la métropole soit 440 000 véhicules. En 2024, selon notre modèle, 16 % de ces véhicules seront concernés, soit 45 000 véhicules au total. On n’en parle jamais, mais regardons aussi les bénéfices de cette mesure pour la santé et la qualité de l’air, notre métier c’est de protéger les Toulousains”, insiste François Chollet, vice-président de la métropole en charge de l’Ecologie. , développement durable et transition énergétique.
Un forfait “petit cavalier” autorisé quelques jours par an
L’élu ne nie pas qu’en cette période de forte inflation, changer de voiture peut être compliqué pour les particuliers. « Nous avons créé des bonus pour aider et ils fonctionnent plutôt bien. Ces deux dernières années, 4 700 personnes en ont profité pour acheter un vélo, majoritairement électrique, et 470 cette année pour acheter un véhicule. Au total, nous avons débloqué 2,2 millions d’euros de bonus depuis l’an dernier”, poursuit François Chollet, qui, comme Jean-Luc Moudenc, espère que l’Etat pourra augmenter son aide pour les plus modérés ou accorder un prêt à taux zéro. A défaut de possibilité de modifier le calendrier, ce dernier indique qu’une solution a été trouvée pour ceux qui possèdent une vignette Crit’Air 3, 4 ou 5 et utilisent très rarement leur voiture. « Avec raison, ils nous disent qu’ils ne vont pas changer de voiture alors qu’ils ne font que 3 000 km/an et ne viennent en ville que trois fois par an. Nous mettrons en place un « pass petit rouleur ». Quant à l’autorisation aux particules, ils pourront venir sur le territoire de la ZFE un certain nombre de fois par an, comme cela se fait à Bruxelles”, explique le vice-président de la métropole qui se réunira pour la première fois. d’ici la fin de l’année un observatoire ZFE pour évaluer son efficacité.