Globalement, on peut répondre à cette question par la négative, car tout n’est pas aussi impressionnant qu’on pourrait l’imaginer ou le laisser croire. Le Mania marque de gros points sur plusieurs aspects, tout d’abord sa capacité à retranscrire le grave. La technologie SAM et les deux woofers “push-push” font toujours des merveilles, surtout dans une enceinte de cette taille. Les kicks de grosse caisse, les grosses percussions en général, les lignes de basse, les drops et les effets plus graves produits par les synthétiseurs sont retranscrits avec l’énergie et la profondeur qui les caractérisent. On ressent vraiment le poids et l’impact de tous ces éléments, et ce avec une approche relativement propre au vu de l’extension proposée ici, même si certains titres évoquent parfois des réverbérations débordantes et peu engageantes (un synthé ou une basse jouant un do2 pour citer un exemple spécifique, ou dans des morceaux comme Put me Thru d’Anderson .Paak ou Death is not Defeat par Architects). Le constat est identique à faible ou fort volume. De plus, le Mania délivre, comme promis, un rapport volume/puissance étonnant, tout en conservant un bon niveau de précision globale et surtout une reprise très dynamique. Il peut ainsi délivrer un niveau sonore tout à fait adéquat pour une pièce de bonne taille, un salon ou une salle à manger, ainsi qu’en extérieur dans le jardin par exemple. Si l’on salue ces qualités sous les mains, l’expérience contraste rapidement avec quelques déceptions, tout d’abord dans l’équilibre sonore général. Même si la fonction de calibrage intégrée fait son travail pour optimiser la restitution dans les différents scénarios d’utilisation, le Mania a toujours tendance à omettre un peu trop les hauts médiums/aigus. Le résultat est une signature sonore chaude, ronde, moelleuse… et un peu trop moelleuse en fait, à tel point qu’on pourrait presque la qualifier de brutale dans certains cas. Le manque de définition à ce niveau, le manque de clarté, de présence, de vivacité, d’”air”, se ressent immédiatement dans des instruments riches en harmoniques, comme la guitare électrique ou les cymbales, mais aussi dans bien d’autres (saxophone, trompette, violon, piège etc.). Assez rare, mais il faut le dire, même la voix peut être affectée : elle aura un peu de mal à s’incarner, comme si elle était partiellement confinée à l’intérieur de l’enceinte, légèrement en retrait ou derrière un léger voile. L’égaliseur à deux bandes inclus dans l’application ne fait que restaurer plus de dynamisme sans créer de déséquilibre supplémentaire ni trop couper les basses. Terminons par le dernier argument principal de Mania, son design cross-stereo, qui, aussi original qu’excitant, passe malheureusement à côté de la plaque. On peut reconnaître que le résultat a pour valeur d’offrir une restitution sonore très homogène et “diffuse” autour de l’enceinte. Mais la plus grande différence d’équilibre tonal, et elle est assez faible, ne peut être ressentie que si vous vous placez vraiment bien dans l’axe de diffusion des petites enceintes et à proximité de l’enceinte. Cependant, pour vraiment parler d’aménagement du territoire, on sent tout de même clairement que la scène sonore ne “s’ouvre” pas vraiment et que la notion de largeur stéréo est très, très floue, voire absente. Il faut être à proximité immédiate du Mania et au centre de deux haut-parleurs pour remarquer subtilement des effets stéréo initialement très forts (deux instruments placés à l’extrême gauche/droite se répondent, comme dans l’intro de Thrown Down de Fleetwood Mac, par exemple). Placer l’enceinte près d’un mur, qui sur le papier entraîne l’activation du mode “stéréo orienté”, n’apporte pas plus de satisfaction.