L’annonce du président de la République confirme la fin de la présence au Mali de l’armée française, qui reste cependant présente au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. L’opération militaire française au Sahel prendra officiellement fin mercredi. Le président de la République Emmanuel Macron profitera de son déplacement à Toulon pour présenter la nouvelle “Revue nationale stratégique” pour annoncer la fin de Barkane, ou plutôt pour la confirmer. L’intervention allait radicalement changer après la décision de février 2022 de quitter définitivement le Mali, où le soutien français avait désormais été rejeté par la junte au pouvoir. La dernière base de Gao a fermé en août. La France lutte depuis 2013 au Sahel contre des groupes terroristes djihadistes. Neuf ans plus tard, l’intervention est dans une impasse.

L’ombre de l’ancienne puissance coloniale

Pour autant, l’armée française ne quittera pas le Niger, le Tchad ou le Burkina Faso, où elle est toujours présente. Environ 3 000 soldats sont toujours déployés. “Les opérations vont se poursuivre mais pas sous la forme d’une nouvelle opération française”, disent-ils à l’Elysées, confirmant la fin de la logique de “l’opération étrangère”, cette intervention militaire nationale à l’étranger. Les actions françaises s’inscriront dans le cadre des opérations menées par les armées nationales. La présence française n’aura donc pas de nouveau nom… Les nouveaux modes d’intervention seront cependant encore discutés avec les partenaires de la France au Sahel. L’instabilité politique au Burkina Faso ou au Tchad ne facilite pas les échanges, tandis que l’ombre de l’ancienne puissance coloniale est toujours suspecte. L’ambiguïté autour de l’action de la France au Sahel n’est pas levée. Juridiquement, le statut des forces sera sécurisé, dit-on en tout cas. “Le principe est de réduire l’exposition de nos forces en Afrique”, poursuit l’un des proches du président citant diverses formes de coopération : soutien, information, formation, escorte des armées locales. La France entend également revoir ses effectifs en Afrique, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et à Djibouti. Paris s’inquiète également de l’expansion de la menace jihadiste dans le golfe de Guinée. Les “partenariats renouvelés” souhaités par Paris s’inscriront également dans une stratégie d’influence globale. L’Afrique est aussi le théâtre d’une guerre de l’information menée par la Russie ou la Chine. Les colonels au pouvoir à Bamako ont majoritairement choisi de faire appel aux mercenaires russes de Wagner pour sa protection. La guerre en Ukraine et la possibilité d’un conflit majeur ont conduit la France à revoir ses priorités. Avec un modèle d’armée complet mais échantillon, il est incapable d’investir militairement dans plusieurs théâtres. En réduisant son engagement au Sahel, l’état-major espère retrouver des capacités matérielles et financières.