“Je n’étais jamais allé aux urgences, je ne savais pas combien de temps ça prendrait… C’est quand même un peu décourageant”, résume Émile Simard, qui n’est pas prêt d’oublier son expérience. à l’Hôpital Charles-LeMoyne de Longueuil. “désordre total” « Nous écoutons les nouvelles. On sait très bien qu’il ne faut pas aller aux urgences pour rien, ajoute son père, Stéphane Simard. Mais, jusqu’à ce que vous en fassiez l’expérience, vous ne réalisez pas que wow, c’est vraiment un gâchis, mais un gâchis total ! C’est hors de contrôle.” Photo de Chantal Poirier
Émile Simard et son père Stéphane
En rentrant du travail à Carignan jeudi soir dernier, Émile a fait une mauvaise chute à vélo. Résultat : une grosse boule douloureuse au coude droit. Sur la ligne Info-santé 811, le temps estimé pour parler à une infirmière était de 45 minutes, à 17 h. Le père a donc laissé ses coordonnées pour un retour d’appel et « magasiné » pour une urgence auprès des hôpitaux de la côte sud. Comme Charles-LeMoyne était le seul à moins de 100 % d’occupation, ils s’y sont rendus. Dans la douleur, Émile a été traité avec du Tylenol. “Ils lui ont aussi donné de la glace deux fois. Mais, on avait l’impression qu’on dérangeait », avoue son père. -Il convient de noter ici que le 811 a finalement retourné l’appel vers 21h, quatre heures plus tard. Après sept heures aux urgences, le jeune homme qui n’est “pas audacieux” a enfin vu un médecin. Il lui a diagnostiqué un os cassé au coude. Après qu’il soit 1h du matin, il a été mis dans une attelle et a reçu un rendez-vous de chirurgie à 8h45 vendredi. « On nous a dit d’arriver pas plus de 15 minutes à l’avance. On pensait qu’ils nous attendaient, que c’était prévu”, avoue le père. Cependant, lorsqu’ils sont arrivés à la clinique externe, la salle était “complètement pleine” de patients, jure le père. Après sept heures d’attente et de jeûne depuis la veille, Emil est monté à l’étage et s’est préparé pour l’opération. Deux heures plus tard, cependant, il est revenu les mains vides. Son opération a été reportée, à leur grande consternation. Toujours les mains vides « Il avait l’aiguille et le bout du tube dans le bras ! dit son père. Samedi matin, 7h30 Émile retente sa chance. Six heures plus tard, il est rentré chez lui sans chirurgie. “Plus j’attendais, plus je perdais espoir”, avoue-t-il. C’est finalement le troisième jour qu’Émile est opéré, dans l’après-midi. Ce matin-là, son père avoue qu’il s’était même mis à la recherche d’une clinique privée. “Ce n’est pas juste qu’il y ait un manque de monde (sur le réseau), c’est complètement hors service, note M. Simard. Ce qui est décourageant, c’est que ce n’est pas quelque chose de temporaire, je ne vois pas comment ça va changer”, a-t-il déclaré. En arrêt maladie depuis deux mois, Émile nous assure que l’opération s’est bien déroulée. Il est finalement rentré chez lui à 21h30 dimanche soir. Pour son père, cette expérience est plutôt décourageante. “Je suis allé faire un jogging tout à l’heure, j’ai fait attention”, a-t-il reconnu en entretien lundi, tout en se demandant s’il allait skier cet hiver. La direction du Centre intégré de santé et de services n’avait pas répondu au Journal au moment de sa publication. Informations à retenir en cas d’urgence Le taux d’occupation dont on parle dans les médias (150 % ou 200 %) fait référence aux civières. Lorsque le taux est de 100 %, il y a 20 patients allongés sur les 20 brancards disponibles. Le ministère de la Santé et des Services sociaux met à jour quotidiennement les données de circulation. Cependant, le mouvement peut être très différent pour les patients qui restent dans la salle d’attente et qui n’ont pas besoin de s’allonger sur une civière. Dans ce cas, nous parlons de clients “ambulatoires”, puisqu’ils rentreront chez eux après avoir consulté un médecin. Malheureusement, nous ne pouvons pas savoir à l’avance combien de temps nous devrons attendre. Certains hôpitaux ont cependant publié des délais d’attente consultables (CHUQ, Côte-Nord). Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.